La question des moustiques...

Est-il vrai que les techniques alternatives favorisent le développement des populations de moustiques ?

Dans un contexte de changement climatique se traduisant par la remontée vers le nord de nombreuses espèces, la crainte de maladies, éventuellement graves, associées aux moustiques (paludisme, fièvre jaune, dengue, fièvre du Nil occidental, chikungunya, virus zika), est tout à fait naturelle.

Les techniques alternatives, parce qu’elles préconisent généralement une gestion des eaux pluviales au moins en partie en surface, sont souvent suspectées de favoriser le développement des populations de moustiques et donc d’augmenter les risques d’infection en créant des conditions favorables au cœur des villes.

Eléments d’analyse et de réponse

De façon pratique la crainte principale réside dans le fait de développer en ville des zones humides favorables au développement des larves lors de leur phase aquatique. La femelle dépose en effet ses œufs à la surface d’une étendue d’eau permanente ou temporaire dont la nature peut d’ailleurs être très variable selon les espèces. Si les œufs peuvent résister plusieurs mois à des périodes de sécheresse, le développement de la larve nécessite, selon les espèces et la température de l’eau, entre 4 et 12 jours de séjour continu dans un milieu humide.

La première conséquence pratique est que seules les techniques pour lesquelles la présence d’eau dépasse de façon continue la durée de quatre jours présentent un risque, ce qui exclut toutes les techniques d’infiltration qui se vident normalement en moins de 24 heures.

Par ailleurs, il est nécessaire que la femelle moustique ait accès à la surface de l’eau. Il n’existe donc pas non plus de risque pour les techniques de stockage fermées (cuves, citernes chaussées à structure réservoir, …) ou simplement protégées par une moustiquaire.

Finalement seules les techniques qui maintiennent de l’eau libre en surface pour des durées longues augmentent donc le risque de développement des populations de moustiques. Mais tous les plans d’eau permanents ne sont pas nécessairement à risque. Si l’écosystème est de bonne qualité, il va abriter, outre les larves de moustiques, beaucoup de leurs prédateurs naturels (poissons, batraciens, etc.) qui éviteront leur prolifération.

Enfin, la plupart des moustiques sont des insectes assez peu voyageurs. Même si certaines espèces, avec des vents favorables, peuvent parcourir une quinzaine de kilomètres, le parcours moyen d’un moustique pour trouver sa proie dépasse rarement quelques centaines de mètres. Il est donc beaucoup plus probable de se faire piquer par un moustique qui a éclos très près de son domicile en profitant d’un des nombreux gites artificiels « urbains » (gouttière, pneu, toitures terrasses à plots, bidon, boite de conserve, pot de fleurs, …), et en particulier d’un ouvrage classique de gestion des eaux pluviales (réseau pluvial, avaloir ou regard unitaire), que par un moustique pondu dans une technique alternative.

Ceci est particulièrement vrai pour les moustiques tigres, vecteurs les plus efficaces des maladies les plus graves, dont les larves supportent mal la compétition avec les autres espèces et qui, de ce fait, se reproduisent surtout dans les micro-zones humides dispersées.

Conclusions et précautions à prendre

La plupart des techniques alternatives ne constituent pas des gites favorables au développement des larves de moustiques qui ont besoin pour leur développement de la présence continue d’eau libre en surface pendant au moins 4 jours.

La seule précaution à prendre, lorsque l’on utilise une solution reposant sur l’infiltration, est donc de s’assurer qu’aucune zone ne restera en eau pendant une période dépassant quatre jours.

Dans le cas de stockage d’eau sur des périodes plus longues, il faut se protéger des risques en utilisant des dispositifs fermés ou protégés par des moustiquaires.

Dans le cas d’un plan d’eau permanent, la protection la plus efficace consiste à assurer un fonctionnement équilibré de l’écosystème, avec la présence permanente de prédateurs des larves (batraciens et poissons en particulier). Les plans d’eau ne sont cependant pas favorables au développement des moustiques tigres qui préfèrent les micro-habitats dispersés.

Le risque d’augmentation des populations de moustiques du fait de l’utilisation des techniques alternatives est donc fortement exagéré et peut être combattu par des règles simples de conception et d’exploitation.

Pour en savoir plus : https://www.graie.org/othu/pdfothu/SYNTHESEGRAIE-Moustiques-OTHU2017.pdf

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